Pourquoi les zèbres n’ont pas d’ulcères ?

Si vous googlez Robert Sapolsky, professeur de biologie et neurologie à l’université de Standford,vous verrez, rapidement des photos d’un homme dont la chevelure et la barbe frappent par leur volume. Y a t’il un rapport entre ce culte du cheveux/poil que cultive Sapolsky et le fait qu’il soit aussi un primatologue réputé ? Je vous laisse y réfléchir.

Sapolsky étudie les babouins au Kenya où il retourne chaque année, analyse notamment les relations entre les types de personnalités, la position dans le groupe et les maladies liées au stress. Il découvre ainsi que les individus isolés du groupe et en difficulté pour gérer les confrontations sont plus sensibles au stress. Mais selon les espèces, et notamment pour d’autres primates, une position de dominé dans le groupe n’est pas nécessairement prédictive de stress important. La position dans le groupe est un critère, mais son poids varie en fonction du sens, de la valeur psychologique qui y est attachée, autrement dit, selon les singes, le fait de faire ou de ne pas faire partie des forts en gueule sera ou non plus ou moins prédicteur d’une vie d’abus reçus et de stress : chez les babouins, le style discret et timide serait plutôt à éviter.

Chez les humains, la CSP, Catégorie socio-professionnelle, est directement liée au stress : plus on est au bas de l’échelle sociale et plus on a de chance d’être stressé et donc d’être malade. Cela marche quelque soit le système de protection sociale, le système éducatif, le degré d’alphabétisation, le système d’assurance maladie ou les disparités de revenus; on l’avait deviné, il vaut mieux être riche. Il vaut mieux aussi vivre en couple, en famille ou en communauté et avoir un système de soutien psychologique et social de proximité. Les isolés endurent plus difficilement le stress. On aurait peut-être aussi pu le deviner. Mais n’est-ce pas mieux quand un scientifique vous dit que c’est vrai. L’auteur ne fait pas que justifier ce qui semble censé. Il réfute des contre-vérités qui semblent bien ancrées. Par exemple : les études scientifiques ne permettent pas de penser qu’il y ait un lien déterminant entre le stress et l’apparition du cancer, même si certaines études montrent que le stress peut aggraver le cours de la maladie.out cela et bien d’autres révélations peuvent se lire dans l’un des livres de Sapolsky Why zebras don’t have ulcers? dans lequel il passe en revue les recherches sur les mille et une manière dont le stress peut nous rendre malade, nous, les primates, les pauvres rats et autres animaux de laboratoires, et comment.

Le titre du livre permet l’explication suivante.

Les zèbres, lorsqu’ils sont stressés – notamment par la présence de lions – courent pour sauver leur peau. La réaction au stress est magnifiquement adaptée à la situation de menace et leur permet parfois d’y survivre : un petit coup de stress et on sauve sa peau. Les humains, de leur côté, ont une capacité à anticiper la souffrance bien supérieure à celle des animaux. (C’est bien pour changer ce schéma de rumination que la méditation de pleine conscience est intégrée dans les programmes MBSR de réduction du stress).

Pensez à tous ceux, peut-être vous, qui plusieurs jours, plusieurs, semaines voir plusieurs mois à l’avance sont anxieux à l’idée de passer un examen, de parler devant un auditoire, de déclarer leur flamme amoureuse… Ainsi ceux qui endurent une souffrance psychologique récurrente, activent un système physiologique similaire à celui des zèbres, développé pour répondre à des urgences ponctuelles. La réponse physiologique au stress psychologique chronique, plus dommageable que la cause du stress lui-même, devient alors source potentielle de pathologie. Et le catalogue de ces difficultés créées ou aggravées par le stress est imposant : problèmes cardiaques, obésité, ulcères, hypertension, diabète, troubles du sommeil, dépression, etc. Tous ces mécanismes, que le stress influence et par lesquels il est en retour influencé – hormones, AVC, infarctus, ulcères, nanisme, sexe, reproduction, système immunitaire, douleur, mémoire, sommeil,vieillissement, mort, dépression, personnalité – sont examinés dans le livre

A lire, pour les stressés et ceux qui cherchent à les aider, mais en anglais seulement.