Cinema : Dans la cour

Par endroits très drôle, Dans la cour, n’est pas une comédie. Dans la droite ligne de la concordance folie et drogue, les interactions de Catherine Deneuve en retraitée qui perd la tête, et de Gustave Kervern en toxicomane dépressif sont loin du marivaudage. Il s’agit ici de l’affection dépression ou de la bouée de sauvetage (drogue/délire associatif) qui vous enfonce au plus profond de votre angoisse. Pour celles et ceux qui, dans leur jeunesse, ont eu de mauvaises habitudes, ou qui les ont côtoyées, le film dégagera sans doute un parfum de déjà-vu dans la manière dont les êtres désespérés emboîtent maladroitement leur destin. Le portrait d’Antoine, musicien de rock abandonnant sa carrière, pour devenir le gardien d’un immeuble aux habitants loufoques, est particulièrement touchant. La nonchalante hésitation avec laquelle celui-ci accueille quasi toutes les situations qui demandent un choix ferme, se transforme rapidement en acquiescement flasque à des demandes importunes ou amorales.

L’homme est accommodant et tolérant. Cette bienveillante passive a son charme. Il cherche à faire le moindre mal. Amené à fréquenter la retraitée, qui s’attache à lui, il se prend à essayer de l’aider. Il est gentil et malheureux. Ca se terminera comme vous ne l’imaginerez pas. La question que je me pose : comment Pierre Salvadori a pu travailler trois ans sur ce film? Comment peut-on avoir à ce point la nostalgie de l’angoisse? A voir un jour de bonne humeur ouverte.
Film de Pierre Salvadori avec Catherine Deneuve, Gustave Kervern, Pio Marmai, 1h38