Culpabilité ou bienveillance

Mais d’où vient ce sentiment de culpabilité qui peut parfois envahir certains d’entre nous? A-t’il une origine culturelle ? C’est ce que pense Lytta Basset, philosophe et théologienne protestante. La culpabilité a été largement implantée par l’église chrétienne à partir de Saint Augustin, créateur du dogme du péché originel, qui voit ainsi en tout descendant d’Adam et d’Eve, un pêcheur qui va devoir être racheté, un être mauvais et indigne de confiance. La bassesse humaine devient le meilleur moyen de valoriser la grâce divine, la générosité de dieu. Elle justifie les inégalités des classes sociales qui sont organisées en fonction de leur proximité ou de leur distance à Dieu.
Ce dogme, adopté au concile de Carthage en 418, va devenir le meilleur justificatif de la violence éducative, faisant de l’enfant un être mauvais à « redresser ». Pas de devoirs parentaux envers les enfants, par contre bien des obligations des enfants envers leurs parents.
L’enfant est progressivement ligoté dans une discipline de plus en plus rigide du 16e siècle – élargissement de l’usage du fouet sur tous les enfants jusqu’à l’âge de 20 ans – au 19e siècle – enfermement institutionnel de l’internat.
Les conséquences de cette doctrine sont importantes :
– dans la justification des multiples actes de violences qui sont commis sur les enfants encore de nos jours
– de façon plus diffuse dans la manière dont la méfiance se glisse dans les rapports humains, validée par cette faute orginelle.
L’auteure étoffe une réflexion sur les liens établis entre maltraitance et délinquance. Se servant des travaux de la psychanalyste Alice Miller, elle s’attarde sur le jeune Hitler, terrorisé et battu chaque jour par son père, plus tard insomniaque et enclin aux crises paniques et aux cauchemars. Finalement, Lytta Basset nous invite à « quitter l’emprisonnement stérile de la culpabilité pour nous ouvrir au dynamisme de la responsabilisation ».
Elle montre que le choix de la confiance faite à l’Autre, permet à des femmes et à des hommes « en assumant leur propre responsabilité limitée, se sentent poussés à faire également appel à celle des autres ».
Ce livre sur la religion décripte la théologie institutionnelle et propose une réinterprétation plus positive des textes bibliques. Il appelle à l’éradication de la faute originelle et laisse ainsi la place à toute les bienveillances possibles.

Oser la bienveillance Editions Albin Michel, 2014
Lytta Basset.