Méditation sur le pardon

Le pardon est une étape essentielle du cheminement ouvrant sur une vie avec moins de conflits, plus de légèreté, et des possibilités d’apaisement et de sérénité.

Avant de pardonner, il est nécessaire de se protéger, de trouver la bonne manière de mettre des limites et de freiner, bloquer les comportements malveillants, de se mettre hors de portée de la violence et du désir ou de la pulsion de nuire. Ce processus lui-même peut prendre du temps.

Avant de pardonner, il est préférable d’avoir pu traverser les diverses émotions qui nous assaillent quand nous sommes l’objet de malveillances. Il est préférable de ne pas les avoir refoulées, d’avoir vécu pleinement chagrin, colère, honte, rage. Ce n’est pas facile. Si nous venons à cette méditation c’est aussi parce que nous reconnaissons que nous aimerions bien ne plus ressentir ces émotions négatives. Car souvent elles nous entraînent dans des pensées très noires, avec des jugements sur nous-mêmes et sur les autres.

Avant de pardonner, il peut-être important, de voir si c’est le bon moment, si nous avons pu nous laisser du temps pour que les émotions diminuent un peu en intensité ou en durée.

Le pardon est parfois facilité par une démarche de la personne qui nous a fait du mal, qui demande à être pardonnée. Alors il peut se travailler à deux. Mais dans peut-être nombre de situations, on ne va pas nous demander pardon. Et le travail est à faire seul avec nous-même.

Comme le dit Jack Kornfield le pardon signifie « abandonner tout espoir d’améliorer le passé ». Pardonner c’est libérer le présent du passé, c’est commencer à voir tout le poids que le passé fait porter sur le présent. Ce n’est que conscient de ce poids que l’on peu progressivement relâcher cette emprise. C’est parce que ce poids nous fait du mal que nous nous tournons vers le pardon.

Mais pardonner aux autres ne peut se faire que si l’on est capable de se pardonner soi-même et de demander pardon. Pourquoi ? Parce que la tolérance aux autres, ne peut venir que d’une certaine tolérance envers nous-même. Nous avons aussi besoin de comprendre et de lâcher nos comportements passés. Nous devons reconnaître et valoriser l’importance de la compréhension de notre malveillance, de comment nous avons fait pour faire souffrir les autres. Nous avons besoin de voir comment cette maladresse ou cette malveillance venait de notre confusion, de notre manque de clarté, de nos réactions automatiques à notre sentiment d’être une victime, notre faux sentiment de justicier. Bref, nous devons déterminer la cause de notre malveillance et voir qu’elle n’est pas intrinsèque, qu’elle est le résultat de mauvaises habitudes, de réactivité, d’automatismes.

Il faut que nous fassions vraiment l’expérience de l’endurcissement de notre coeur, du processus qui l’endurcit, pour pouvoir comprendre comment ce processus existe aussi chez les autres.

Et si nous comprenons mieux les autres, alors nous pouvons mieux les tolérer et mieux les pardonner.

La méditation du pardon, se décompose donc en trois phases.

1- Demander pardon, c’est à dire reconnaître nos torts, avancer sur le sentier de la responsabilité, en reconnaissant l’origine confuse, douloureuse de notre maladresse ou de notre malveillance.

2- Se pardonner soi, abandonner ainsi toute vision négative de nous-même et faire le vœu d’être attentif à ne pas s’aventurer dans le territoire de la violence ou de la malveillance.

3- Pardonner aux autres, en comprenant l’origine confuse, douleureuse de leur maladresse ou de leur malveillance.

Ce n’est qu’un ordre suggéré. Il peut être judicieux de commencer par une de ces 3 méditations et de faire quelques séances juste sur celle-ci. Puis de passer à une autre.

Il est préférable sans doute de ne pas avoir trop d’attentes de résultat définitif, c’est à dire que toute émotion négative soit balayée et que la mémoire des événements n’apporte plus du tout aucun chagrin ou aucune douleur. Le pardon est un travail, qui peut prendre du temps. Il est un travail sur lequel nous devons revenir, peut-être un nombre infini de fois. Mais même s’il est incomplet, même si il faut se remettre à la tâche, le pardon peut, ne serait-ce que temporairement, nous libérer des émotions qui nous ont piégé.    La méditation suivante est adaptée d’une méditation de Jack Kornfield.