Le schéma de la victime, une expérience personnelle d’interprétation négative

Je me suis trouvé deux fois de suite dans un petit restaurant qui propose uniquement des tartes salées. J’ai à chaque fois pris une soupe et une tarte salée. La première fois, je me suis demandé pourquoi les autres clients étaient servis une portion de tarte avec de la salade dans une grande assiette alors que le patron me servait une petite assiette avec la seule portion de tarte. Je me dis, tiens, puis laisse tomber l’idée. La deuxième fois je remarque la même chose et ne trouve toujours pas d’explication. Je commence à gamberger en me disant que comme le patron est tout seul et qu’il doit monter un étage avec les assiettes, il fait l’impasse sur moi, ça fait moins de grandes assiettes, c’est moins lourd. Je continue à gamberger, c’est sans doute parce que j’ai une gueule sympa et qu’il pense que je ne dirai rien. Je rumine un peu. Je ne suis pas en colère parce que le patron est plutôt sympathique et mon interprétation n’est pas en accord avec son comportement. Il y a une distorsion dans mon interprétation et je m’en aperçois. Puis, je me dis que c’est quand même bizarre et qu’il faut que je lui pose la question. J’ai un doute et quelque chose à valider ou à laisser tomber. Je dois rentrer dans un dialogue. Je ne suis pas en colère mais je fais juste une supposition. Voyons.

Je lui pose aimablement la question « pourquoi les autres ont-ils de la salade et moi pas ? » Et il me répond très simplement que « c’est soupe ou salade ». Je me rends compte de mon erreur et de mon penchant pour une interprétation qui me fait le laissé pour compte de l’affaire. Je vois que j’ai de manière récurrente cette interprétation. C’est un schéma. Ce sont des pensées qui me viennent automatiquement. Je sais encore une fois que je dois m’atteler a déceler les interprétations que je fais qui me donnent le rôle de la victime afin que de les réexaminer. La mise à distance des pensées, la possibilité de les mettre dans un espace libre, plus ouvert, de les laisser flotter est ce qui permet de clarifier la situation.

C’est plus facile si on a pris l’habitude, en méditant notamment, de ne pas suivre ses pensées, de les reconnaître comme des pensées et de les laisser filer.