Rester tranquille

Philippe, Lançon, journaliste à Charlie Hebdo est l’un des rares survivants au massacre du 7 janvier 2015. Dans son récit, Le lambeau, il raconte sa vie après l’attentat et notamment son long séjour à l’hôpital : le 8 janvier en entrant dans la chambre 106, j’ai pensé entre les tuyaux à une phrase de Pascal…… : « Tout le malheur des hommes vient qu’ils ne savent pas rester au repos dans une chambre »….Il me faut donc commencer par avouer que malgré les souffrances, les angoisses, les cauchemars, les attentes, les déceptions,les visions de mes plaies, l’enchaînement des blocs, la sensation de n’avoir plus aucun avenir en dehors de la chambre, j’ai éprouvé un certain bonheur à résider ici sans téléphone, sans télévision, presque sans radio, sous surveillance policière permanente, avec des visites systématiquement filtrées. Le sens du combat s’était simplifié.

 

Faut-il donc que nous soyons blessés ou gravement malades pour simplifier notre combat et trouver la tranquillité et la paix. Le terme d’abandon me vient à l’esprit, comme si nous nous détournions de notre manière habituelle de vouloir que les choses et les situations se présentent absolument de la manière dont nous le souhaitons.

 

Le propos de la pleine conscience c’est qu’il peut y avoir un entraînement à cette simplification et à cet abandon. C’est que nous pouvons revenir à ce vécu sans entrave, disponible. C’est que nous pouvons nous tenir tranquille pendant 10 minutes, une demi-heure ou 45 minutes et reposer, simplifier notre lutte, et laisser le monde venir à nous.  Et nous entraîner ainsi à nous tenir tranquille au coeur de la tourmente.