Désir, besoin maladif et addiction (desire, craving and addiction)

Sarah Bowen, était une des scientifiques participants au 27e rencontres Mind and Life en octobre 2013 dont le thème était Desire, craving and addiction. Ces rencontres réunissent scientifiques et contemplatifs autour du Dalai Lama. Sarah Bowen est une psychiatre qui a mis en place avec ses collègues un programme de prévention des rechutes de conduites addictives basée sur la pleine conscience ou Mindfulness Based Relapse Prevention (MBRP). Le programme présenté a une structure et un contenu très proche de MBSR(Mindfulness Based Stress Reduction) et MBCT(Mindfulness Based Cognitive Therapy). Elle formalise le cycle de l’addiction, dans ce cas la toxicomanie, par ce diagramme.

Les déclencheurs sont des émotions négatives, en premier lieu des affects dépressifs, ils peuvent venir aussi de la pression de l’environnement social. L’objectif du programme est de réduire la force du lien entre le besoin maladif et le déclenchement de la consommation.
Au cours de sa présentation, elle parle de programmes similaires qu’elle co-anime. Les participants sont des personnes dont le problème principal va de l’addiction au jeu, la colère/agression, à la panique/anxiété en passant par les troubles alimentaires. Elle souligne que ce qu’il y a de touchant dans ces groupes c’est de voir combien les participants constatent que leur addiction, quelle qu’elle soit, fonctionne de la même façon chez les autres participants. Un constat qui explique en partie le succès des diverses méthodes de traitement liées à la pleine conscience:
– partage de l’expérience
– partage de la simplicité de la méthode qui fait de l’observation de son univers interne un outil pour se séparer de schémas négatifs.
Ce dont il s’agit dans le travail avec l’addiction, c’est de diminuer la force du lien entre le désir maladif et le passage à l’acte. Et c’est l’observation des pensées, des émotions et des sensations qui en donnant de l’espace à l’expérience permet la possibilité d’un choix et donc la sortie du cycle destructeur, la sortie du schéma, la réponse au lieu de la réaction.
Au fond qu’y a t’il de différend entre désir et besoin maladif? Pour le Dalai Lama, ce n’est pas la nature de l’émotion, ni même son intensité, c’est plutôt les conséquences à moyen et long terme d’un passage à l’acte. En agissant dans le sens de son désir maladif on renforce un cycle de frustration qui à moyen et long terme aura un effet négatif sur la vie de la personne : humeur, irritabilité, affaiblissement, maladie, etc…