Projet Shamatha : les effets de trois mois de pratique intensive de la méditation

Le projet Shamatha a été mis en place en 2007. C’est à ce jour l’étude la plus complète sur les effets de la méditation. Il a rassemblé dans un centre de méditation du Colorado aux Etats-Unis:

– Allan Wallace, initiateur du projet, enseignant de méditation, auteur de nombreux livres sur la méditation,
– un groupe de scientifiques sous la direction de Clifford Saron, chercheur spécialisé dans la recherche sur les effets de la méditation,
– deux groupes, de 30 personnes d’horizons divers pratiquant la méditation et ayant participé à au moins 3 retraites de 5 jours minimum.

Deux retraites de trois mois, la première au printemps, la deuxième à l’automne, ont été programmées. Lors de la retraite de printemps, les membres du groupe de contrôle n’étaient pas présents . Les deux groupes ont participé à la deuxième retraite. Allan Wallace a guidé les participants dans différentes formes de méditations, de type Shamatha ou calme mental, et a eu des entretiens individuels hebdomadaires.

L’objectif du projet était de rassembler un maximum de données biologiques, psychologiques, objectives et subjectives, sur les effets d’une retraite silencieuse de méditation intensive de 6 à 10h par jour. Différents types de tests ont été faits à intervalles réguliers pendant les deux retraites : prises de sang, électro-encéphalogrammes, questionnaires, enregistrements vidéos d’entretiens, journaux audio, ainsi que 17 exercices sur ordinateur destinés à mesurer, entre autres, l’attention, les temps de réaction, la réponse à des provocations émotionnelles, etc. Des tests ont aussi été faits à 5 mois, 16 mois et 40 mois après la retraite, pour les participants qui continuaient à méditer régulièrement dans le cadre de leur vie habituelle.

Quels sont quelques uns des résultats de cette étude ?

L’attention
Après 5 semaines, les retraitants ont montré une plus grande capacité d’attention continue sur une longue période de temps. Cette amélioration a été constatée aussi à la fin de la retraite et 5 mois après la fin de la retraite pour ceux qui continuaient à méditer.

L’empathie
L’étude a montré que les participants ont augmenté leur capacité à se relier aux souffrances d’autres personnes et montrent une plus grande résilience émotionnelle (capacité à revenir à un état neutre ou positif)

Les changements indiqués par les participants eux-mêmes :
– mieux être dont plus de sens de direction et plus de sens de contrôle,
– capacité à observer son expérience sans réagir,
– baisse des émotions négatives,
– diminution des tendances à être anxieux et fuyant des les relations interpersonnelles,
– plus de résilience et une plus grande capacité à confronter les difficultés.

La télomérase et la réduction du stress
La télomérase est une enzyme qui répare et rallonge les télomères qui sont les séquences d’ADN au bout des chromosomes. Ces télomères ont un rôle dans la division cellulaire et la longueur des télomères est une indication de la longévité des cellules. Des études ont montré que le niveau de télomérase était affecté négativement par le stress. Durant la retraite, les niveaux de télomérase des participants étaient de 30% plus élevés que les niveaux du groupe de contrôle. De plus les méditants qui avaient le niveau le plus élevé de télomérase avaient aussi la plus forte amélioration dans certains tests psychologiques. Il semble, mais ce n’est pas encore prouvé, que des activités qui ont provoqué un changement psychologique positif, comme la méditation, impactent positivement le vieillissement cellulaire.

Un autre projet plus ambitieux est en train de se mettre en place sous l’impulsion d’Allan Wallace. Il s’agit de créer dans différents pays des centres d’observations contemplatifs qui seront des lieux de recherche et de retraite méditative, comme le premier projet Shamatha, mais à une échelle plus large dans le temps (possibilités de retraites de une à plusieurs années) et dans l’espace (centres d’observations disséminés sur tous les continents). Le projet recueillera et combinera trois types de données :
– des données biométriques en utilisant différentes techniques d’observation mesurables sur les retraitants,
– des données comportementales obtenues à partir du comportement des retraitants,
– des données subjectives liées à l’introspection des retraitants.
Cette recherche permettra peut-être de repérer plus spécifiquement les types de méditation les plus appropriés pour tel ou tel type d’individu.

Pour plus d’informations (en anglais)