Retraite solitaire dans les Pyrénées

Durant cette retraite, un de mes objectifs était d’approcher des conditions d’une retraite en milieu naturel, une retraite plus sauvage. J’ai donc choisi de la faire adossée à un centre de retraite, dans un lieu relativement isolé. A Soulan, dans l’Ariège, le centre de l’association Terre Pure, propose des enseignements et des méditations bouddhiques et accueille aussi des retraitants individuels et des groupes divers (Chi-chong, kung-fu, etc…). Il y a à votre disposition, un dortoir, deux chambres avec lavabo ainsi qu’une yourte qui peuvent être utilisés par les retraitants. Vous pouvez partager les repas avec d’autres ou on peut vous les apporter si vous voulez ne pas interrompre votre solitude.

Pour atteindre mon objectif j’ai choisi de dormir dans ma tente et de faire mes repas moi-même. Je ne suis pas un campeur expérimenté. J’ai donc consulté internet et me suis procuré avant mon départ :
500g de pates, 500g de riz précuit, 250g de céréales précuites, 250g de tortellinis au fromage en sachet, 250g de polenta précuite, 250g de lentilles, une boite de 750g de muesli, un pot de miel de 250g, une boite de 25 sachets de thé vert au citron, deux sachets de raisins secs de 200g chacun, une bouteille d’huile d’olive de 25cl, une bouteille de Badoit pour le train, qui, vide me servira à stocker de l’eau. Coût : 31€. L’idée est de diminuer la consommation de gaz pour la cuisson.
J’ai acheté un réchaud de bonne qualité et une cartouche à gaz. J’ai choisi la marque scandinave Primus qui propose un réchaud avec un récipient qui se visse sur le brûleur et protège la flamme du vent éventuel. Coût : 105€.
Vu le temps assez pluvieux, j’ai assez vite compris que je ne pourrais pas méditer dans la nature. Sur les conseils d’Annick, la responsable des lieux, j’ai planté ma tente juste à côté de la salle de méditation.

Ma retraite à commencé par une pratique de groupe de deux jours avec le moine Charles qui vient chaque année au centre guider un Nyungné. Le Nyungné est une pratique du bouddhisme tibétain qui inclut un jeune de solides et de liquides. : on arrête de manger après le déjeuner du premier jour, on arrête de boire quand on se couche et on ne boit et ne mange à nouveau que le surlendemain matin. Le moine Charles passe la plupart de son temps en faisant des Nyungné : il en fait 108 à la suite au centre Vajrayogini dans le Tarn où il est basé. Et il en fait une vingtaine ou une trentaine d’autres dans différents endroits. J’étais très content de pouvoir le retrouver par hasard, car il est très humble et communique une grande chaleur, une grande compassion, et une grande confiance dans la méditation. J’ai donc participé à ce Nyungné avec 4 autres personnes . Le Nyungné est une pratique que j’apprécie et me semble une bonne manière de démarrer une retraite.

Pour le reste de la retraite j’ai donc médité dans la salle de méditation que j’ai eue à ma disposition. Ma retraite à consisté essentiellement en diverses pratiques de calme mental ou Shamata et quelques autres pratiques plus formelles.
J’ai laissé mon portable éteint, ce que j’ai déjà fait auparavant, en indiquant sur la messagerie que je ne pourrai écouter les messages qu’à partir du 16 juillet. Mais c’est la première fois que je n’ai pas regardé ma montre pendant 10 jours. J’ai pu ainsi remarquer à quel point j’étais attaché à savoir l’heure. J’ai découvert la nouveauté de ne plus planifier mes séances de méditation. Je suis habitué et attaché à prendre trois repas pas jours et je prenais mes repas à peu près à ce que je pensais être des plages horaires habituelles. J’ai été un peu aidé par le carillon de l’église du village qui sonnait à 7h, midi et 19h (ce sont les moments traditionnels dans la plupart des églises de France). J’ai pu voir à quel point je suis attaché à une structure temporelle.
Pour ce qui est de l’alimentation, mon réchaud a bien fonctionné et je n’ai pas eu de mal à me contenter de ce régime un peu spartiate.
J’ai pu apprécier notamment la possibilité de faire des pâtes aux lentilles (avec un reste de lentilles d’un repas exclusif aux lentilles). Les raisins secs me donnaient une sorte de dessert plaisant. Et j’ai constaté avec intérêt que je ne les gobais pas goulûment comme j’aurais pu le faire dans d’autres circonstances. Du fait du rationnement, je les savourais un à un, je dirais en pleine conscience (j’ai repensé en souriant à l’exercice du raisin sec qui est proposé lors du cycle MBSR).
Mon sac de couchage a été mouillé par la pluie car j’avais laissé l’ouverture de ma tente entrouverte un peu trop longtemps. Cette nuit là, j’ai dormi dans la salle de méditation, puis encore une autre nuit car j’ai été coincé par une pluie vraiment violente. Il a beaucoup plu durant cette période, mais la tente est restée sèche à l’intérieur. Le temps était très changeant ce qui me renvoyait constamment à l’impermanence. Je faisais très attention au temps car s’il faisait sec je pouvais aller méditer un peu plus loin à un endroit où il y avait une vue superbe sur les Pyrénées. Une belle vue m’aide en effet a méditer. Elle me met dans un cadre où l’espace prédomine ce qui favorise une méditation spacieuse, un certain calme, une détente, une vision large. Cela n’est pas automatique et loin d’être une règle mais il y a une sorte d’harmonisation entre le paysage extérieur et le mental.

Je n’ai pas eu d’expérience méditative particulière méritant d’être notée lors de cette retraite. Une sorte de rythme régulier auquel je me suis habitué. Des moments de grand calme. Des moments un peu plus agités. Peu de perturbations fortes. Une certaine aise, mais pas de quoi en faire un plat. Le calme est parfois trompeur et je me méfiais de ces expérience de calme et en profitais pour revenir au moment présent. Par contre des rêves plus agités, parfois de nature assez jungienne : chasse avec des monstres.
J’ai envie de faire des retraites plus longues et plus proches de la nature. Trouver le lieu, l’équipement et le temps,est sans aucun doute possible.