Adeline Van Waning : Moins de poussière, plus de confiance

Le projet Shamata a été mis en place en 2007. Il a rassemblé un groupe de scientifiques et de personnes d’horizons divers afin d’étudier et de mesurer les effets à long terme de la pratique méditative de Shamatha appelée aussi calme mental de 8 à 12 heures par jour. Une des participantes, Adeline Van Waning, psychiatre et psychothérapeute, raconte dans “Moins de poussière, plus de confiance” (The Lest Dust the More Trust) son expérience en tant que méditante, mais décrit aussi le fonctionnement de la retraite, son organisation, la partie scientifique ainsi que les enseignements de Alan Wallace, (bon nombre de méditations guidées sont reproduites telles quelles).

Ce qui est d’emblée frappant dans ce livre, qui semble assez unique, c’est la précision avec laquelle l’auteur parle de son expérience méditative. Cette précision permet de voir assez clairement qu’il y a des “niveaux”(je ne trouve pas de meilleur mot) méditatifs. La précision des termes renvoyant à une expérience éminemment subjective, on peut se poser la question : “qu’est-ce que je comprends de ce qu’elle me raconte?”. Ou alors, l’expérience méditative, la manière dont se déroule une retraite, étant, comme le dit l’auteur elle-même, tout à fait personnelle, “que m’apporte vraiment ce texte?”. Pour moi, ce qu’il apporte clairement, même si je ne suis pas toujours à même de me relier précisément à son expérience avec ses mots, c’est que l’expérience méditative dans une immersion de trois mois permet de plonger à l’intérieur d’un processus qui mène a plus de santé mentale, plus de clarté, moins de crédulité, plus de perspicacité. C’est l’expérience de l’auteur mais c’est aussi celle de la plupart des participants.
Cette expérience donne aussi envie de participer à une retraite du même type mais sur huit semaines qu’Allan Wallace organise chaque été à Pucket Island en Thaïlande.
Adeline Van Waning n’hésite pas à aborder le sujet délicat de l’expérience du non-soi, ou plutôt de la perte de l’expérience d’un soi comme séparé ou la perte de l’illusion du soi.
Selon Adeline Van Waning, trois questions se posent aux participants sont confrontés à cette expérience :
1 – Est-ce que j’ai suffisamment de résilience, d’équilibre, de solidité pour continuer cette expérience?
2 – Est-ce que j’ai le soutien d’un enseignant, une carte, un moyen de donner du sens à mon expérience?
3 – Y a t’il des gens autour qui peuvent offrir un environnement compassionné et soutenant?
La retraite avec Wallace semble garantir les points 2 et 3.

D’un autre côté, dans certains enseignements traditionnels tibétains qui sont repris par Allan Wallace, il est fermement indiqué que le méditant doit être son propre mentor. Avoir confiance, avoir une foi qui permette de traverser les turbulences les plus troublantes et de se dire que tout ce qui arrive n’est que “psychologique” et donc ne peut réellement nous nuire. En ce début du 21e siècle, nous avons le choix : nous pouvons faire des retraites encadrées et soutenues mais nous pouvons aussi partir méditer dans la montagne…. L’embarras du choix ?

The Less Dust the more Trust, Participating in the Shamata project, Meditation and Science, Mantra Books, 2014