La montagne

Dans la montagne, chaque jour, je marche. J’éprouve assez rapidement un sentiment de détente à être dans la nature et à marcher. Je peux dire sans hypocrisie que je retrouve une partie de mon humanité. Marcher. Et ne rien faire d’autre. Etre dans un environnement dans lequel il y a peu de préoccupations : les sentiers sont là. Marcher et ne rien faire d’autre. Marcher pour rien. Le corps évoque sa propre existence, et l’esprit se détend.

La montagne est bonne pour nous. Nous voulons avancer, nous voulons terminer, nous voulons en finir. Mais ce n’est pas comme cela. La montagne nous rend patient. Elle est étrangère, mais elle nous supporte. Elle est immense et nous y trouvons notre place. La montagne est bonne et accueillante. Dans les montées, elle nous ralentit, elle nous use. Elle use cette volonté d’en finir, de mettre un terme, de passer à autre chose. Elle nous épuise, un peu, beaucoup, passionnément, mais sans folie, car elle nous calme.
Que le montagne est douce. Elle offre même des lacs à la pureté du ciel, au bleu vivifiant de la transparence opaque. La montagne est sereine car elle est solide. Elle laisse passer les nuages et le soleil. Toujours présente, même si nous sommes absents. Toujours lente même si nous voulons aller plus vite. Nous ne serons jamais aussi lourds que la montagne. Et nous reviendrons toujours vers elle, pour prendre de la hauteur. Pour voir la vision panoramique. Pour voir l’immensité de l’espace qui nous entoure. Le champ de tous les possibles, révélés immédiatement. Offrandes à la montagne, des fleurs qui la parsèment, des canards sauvages, qui s’ébattent dans les marres des tourbières, des rocs suspendus et déserts où l’homme n’est pas encore venu. De la gratitude à chaque pas d’un paysage sans guerre.