Calvary

Derrière la grille d’un confessionnal, un inconnu dit au Père James qu’il le tuera dans une semaine et lui donne rendez-vous sur la plage. Interloqué, il continue malgré cette menace qui plane, à exercer son sacerdoce dans sa petite ville d’Irlande.
Le film suit le prêtre dans ses périples, redressant avec plus ou moins d’adresse et relativement peu de succès le comportement ou l’idéal moral de ses concitoyens. Il a fort à faire car, pour la plupart, ceux-ci frustrés ou donnant ou subissant la violence, font montre d’un cynisme détaché. Seuls ilôts d’amour ou de communication pour James, dont le veuvage a permis la vocation : son chien malade d’un cancer, sa fille qui lui rend visite après une tentative de suicide et une femme française, Marie-José Croze, qui survit à un accident de voiture qui a entraîné la mort de son mari. Calvaire, que la vie de ce prêtre et de nombre de ceux qu’il cotoie ou croise. Alors, pourquoi, diable, aller-voir ce film? D’abord parce qu’il nous promène dans ces merveilleux et sauvages paysages de l’Irlande auxquels correspondent les sauvageries cachées dont il sera sérieusement question. Ensuite parce que son casting déploie les personnages avec justesse : le père James, interprété avec force et intériorité par Brendan Gleeson, Marie-José Croze qui campe un belle âme forte, sensible et magnanime dans la douleur,Kelly Reily, fille de James, en mal d’amour, Isaach de Bankolé, le garagiste, énigmatique séducteur, et tous les autres. Aussi, parce qu’il manie un humour noir rarement égalé, notamment dans les scènes ou une « petite frappe » vante les mérites de la prostitution masculine et détaille ses prestations avec une gouaille surprenante. Accessoirement, parce que le film fait référence et met en toile de fond l’épidémie d’abus sexuels perpétrés au sein de l’église catholique Irlandaise. Ultimement, parce qu’il montre la force tranquille de ceux qui devant l’horreur et le malheur redoublent d’humanité et de compassion. Le film peut choquer, dit-on, en préambule.

Un film de John Michael McDonagh, 1h45.