Dans la rue, sur la route ou le chemin

Quand nous sortons de notre maison ou de notre appartement puis immeuble, et que nous arrivons dans la rue, sur la route ou le chemin, il peut y avoir un déclic. C’est un moment de transition privilégié. Nous passons d’un espace intime, familial ou domestique à l’espace public. L’énergie change subitement. Que nous soyons perdus ou pas dans nos pensées et préoccupations, cette transition – comme toute les transitions – peut être une opportunité de revenir au présent, à la présence et de faire attention.

Je repense à un échange que nous avions eu un jour entre amis, en revenant à New York d’une ballade en voiture. Dans la soirée, nous déposions l’un d’entre nous pas loin de chez lui. Nous avions remarqué qu’en sortant de la voiture, il avait balayé attentivement du regard ce qui se passait devant lui, derrière lui et sur les côtés, et ce avec une certaine tension. A cette époque, dans les années 80, New York était une ville assez violente et son attitude n’était pas déraisonnable. Mais son côté systématique et méthodique nous a fait le questionner. Nous avons appris qu’il avait passé un an dans le service de protection rapprochée des personnalités politiques en Israël. C’était cette habitude de surveiller l’environnement qui ne l’avait pas quitté et qui revenait automatiquement dans cette transition entre l’automobile et la rue. Il nous expliqua qu’il avait été habitué à balayer du regard une foule et à déceler aussi rapidement que possible un terroriste éventuel parmi une multitude de visages…et être prêt à agir….

Il ne s’agit pas pour nous de rentrer dans une tension, une peur, ou une paranoïa. L’environnement extérieur, urbain comme rural, est une occasion formidable de pratiquer une observation détendue et de revenir à une absence de jugement. Nous pouvons balayer l’espace de notre regard, sans être à la recherche de quoi que ce soit de particulièrement intéressant. Nous pouvons profiter de cet instant pour sortir de nos réflexions et rentrer en contact avec l’extérieur. Nous pouvons aussi redevenir conscient de chacune de nos respirations. Nous pouvons profiter d’être vivant.