Le balayage corporel

Le balayage corporel ou Body Scan est une pratique importante du programme MBSR.  Cette pratique consiste principalement à être attentif à une zone de son corps pour progressivement « balayer » zone par zone tout notre corps.   Nombre de participant(e)s aux programmes MBSR que j’anime, observent qu’au cours de ces séquences, elles ou ils n’observent que peu ou pas de sensation dans les zones balayées.  Ce n’est pas forcément un objet d’inquiétude mais souvent la question se pose :  dans une perspective et un travail de reconnexion au corps, qu’est-ce que veut dire ne pas ressentir de sensations.

Les questions liées au corps : nous parle-t’il?  que dit-il? qu’est-ce qu’un corps qui ne communique pas? émergent.  Et le travail commence.  Car bien souvent nous ne sommes en relation à notre corps que lors de sensation fortes, sensations qui attirent notre attention : douleurs aigües ou chroniques, plaisirs sexuels, plaisirs gastronomiques, plaisirs liés à la sécrétion d’endorphines après le sport, fatigue intense, dépression physique.

Mais notre corps est vivant à chaque instant.

Pour Jon Kabat-Zinn, si notre expérience est de ne rien sentir du tout, ce n’est ni mal, ni bien, nous en prenons note, l’acceptons et continuons.

A propos de la pratique du scan corporel, il écrit que, pour les patients de la clinique du stress : « la meilleure façon d’obtenir quelque chose de la pratique méditative consiste à simplement pratiquer chaque jour, tout en lâchant leurs attentes, leurs buts; et même les raisons de leur participation. »

Se confronter à l’absence de sensations dans la pratique du body scan, c’est rentrer dans la pratique.  Le but n’est pas de ressentir mais le moyen est d’observer avec bienveillance et de répéter cette observation régulièrement. La transformation, la guérison s’obtiennent par surcroît.

J’utilise la métaphore suivante : nous partons dans les bois à la cueillette des champignons.  Si nous trouvons des champignons, c’est très bien.  Si nous ne trouvons pas de champignons, c’est très bien aussi.  Mais nous portons  attention au paysage dans lequel nous avançons, de manière délibérée et en étant détendu.  Nous relâchons notre souhait de cueillir et de trouver et grâce à cet abandon de la quête, nous profitons du paysage, de l’environnement des découvertes qu’il contient. Le rien, le vide, la non-sensation peuvent aussi faire partie du paysage, peuvent être une découverte. Il est possible de les accueillir et de les respecter.

Au coeur de la tourmente, la pleine conscience, Jon Kabat-Zinn, Deboeck,2009 p.136