Le charme discret de l’intestin

Tout ce que vous avez voulu savoir sur la digestion, l’ingestion et l’excrétion sans jamais oser le demander. Le livre de Giulia Enders, best-seller en Allemagne – 1 million d’exemplaires – et traduit dans une trentaine de pays, passe en revue toute la mécanique physiologique, biologique et neurologique liée à l’alimentation.

L’intérêt de ce livre tient à la diversité des thèmes et à la manière humoristique et imagée de les traiter tout en rendant les connaissances liées aux recherches récentes très accessibles.
Ainsi, au cours de ses 334 pages on apprendra l’essentiel de ce qui est à savoir en terme d’ingestion, de digestion, d’allergies, d’intolérances, de vomissement, de constipation, de diarrhée, du caca, de l’éjection du caca, des microbes, etc…
A titre d’exemple, le lien entre les excès de fructose liés à notre culture alimentaire industrielle et l’impact sur l’humeur (sugar blues) ou sur la perturbation du sentiment de satiété est explicité en détail.

Une importante partie du livre est consacrée au cerveau d’en-bas et notamment aux relations entretenues entre l’intestin et le cerveau d’en-haut. On apprends ainsi les liens entre l’humeur et l’intestin et en particulier les liens entre le stress, la dépression et l’intestin: « l’intestin lui, est une immense matrice, qui ressent toute de notre vie intérieure et travaille au niveau du subconscient »(p.167).
Pour mettre en évidence ce lien entre intestin et cerveau (humeur et comportement), Giulia Enders cite une étude de 2011 dans laquelle les chercheurs, en échangeant les bactéries intestinales typiques de deux lignées de souries différentes avec des comportements diamétralement opposés, les unes craintives et prudentes et les autres téméraires et curieuses, ont déclenché un inversement des comportements: les souries craintives en recevant la bactérie typique de la lignée des souries téméraires sont devenues téméraires et inversement.
Chacun, selon les désordres intestinaux ou digestifs éventuels dont elle ou il souffre, pourra y trouver son intérêt. Et pour ceux qui ne souffrent de rien de particulier, la description des effets du stress sur l’intestin – ralentissement voir arrêt de la digestion – devrait nous aider à suivre le conseil de l’auteur qui recommande que les repas soient des « zones de calme, sans dispute », sans injonction, sans télévision….

Pour les pratiquant de la pleine conscience, on recommande le passage décrivant « le grand voyage de la nourriture » où domaine par domaine sont décrits et examinés le fonctionnement des yeux, du nez, de la bouche, du pharynx, de l’oesophage, de l’estomac, de l’intestin grêle, du gros intestin.
Ce passage, très vivant, pourra sans doute nous inviter à être encore plus attentif non seulement au goût, à la mastication et à la salivation, mais encore à toutes les sensations qui résultent du grand voyage de la nourriture.

Le charme discret de l’intestin, tout sur un organe mal aimé, Giulia Enders, Ed. Actes Sud,2015, 350p.

Pour l’article en anglais sur l’expérience avec les souries