Jon Kabat-Zinn : la vie c’est maintenant

Voici la traduction en français d’une courte vidéo dans laquelle Jon Kabat-Zinn s’exprime librement sur les bienfaits et l’intérêt de la présence attentive, de la méditation de pleine conscience ou mindfulness.

La pleine conscience est une manière de vivre comme si la vie avait réellement de l’importance. Il s’agit d’être dans le moment présent, le cœur ouvert, tout en étant bienveillant avec vous-même. Nous sommes tous très occupés, donc comment pouvons-nous amener de la pleine conscience dans notre vie ?…. il n’y a pas une façon unique d’aborder la pleine conscience mais certaines manières de cultiver la mindfulness peuvent être très utiles. Une des possibilités c’est d’être attentif à notre corps. C’est juste un moyen de se rappeler comment notre vie évolue avec notre corps, et pas juste dans nos têtes. Cela peut se faire de multiples façons : en observant la sensation du corps dans sa totalité, en marchant, en étant assis, en mangeant, en bougeant, ou juste en étant conscient de sa respiration, à l’inspiration et à l’expiration . Mais il est important de se rappeler que ce n’est pas seulement un exercice de respiration mais le moyen de reconnaître qu’il est vraiment important de respirer. Si vous ne respirez pas, vous êtes mort. Donc nous pouvons être conscient de l’importance de respirer et de sentir l’énergie de la respiration comme si, à ce moment, c’est là notre vie. Et ce n’est pas, en attendant le week-end pour vivre, ou en attendant d’avoir fini un projet important. Mais chaque moment est notre vie. Alors, même dans des situations très stressantes, vous pouvez vous mouvoir dans la réalité de la situation et trouver des manières de vous adapter, de réguler votre réactivité à la situation. De la sorte que, de façon très, très profonde vous ne fuyez pas et vous ne rejetez rien et laissez les choses se faire d’elles-mêmes. C’est cela le cœur de la créativité et, de cette manière nous agissons de manière efficace, avec peu de distraction et d’effort. C’est un art. Et cela demande un peu de temps pour s’y former. Vous ne pouvez pas juste en m’entendant une fois sur internet , vous dire « Oh oui, je vais être conscient jusqu’à la fin de ma vie ». C’est l’une des choses les plus difficiles au monde, si ce n’est pas la chose la plus difficile pour nous, êtres humains : être présents dans nos vies, et être bienveillant, et bienveillant avec nous-mêmes et moins juger, et moins nous juger. C’est pourquoi cela vaut la peine de pratiquer, de le faire… Mais il ne s’agit pas vraiment de faire, c’est une manière d’être éveillé et d’être nous-même. Et le moment présent, qui est le seul moment que nous vivions vraiment, tend à être oblitéré, comprimé à tel point que nous ne sommes plus dans le moment présent. Plus présent du tout, et nous sommes toujours dans le passé, toujours dans le futur. Et c’est une prescription pour être malheureux. Le bonheur n’est pas à un autre moment, quand on a découvert la toison d’or, le bonheur est juste maintenant, au milieu de tout ce qui peut arriver. Et c’est un art. Et cela prend du temps, demande de la discipline. Mais qu’y a t-il d’autre à faire, car si vous oubliez votre vie, quelque soit le moment où vous décidiez de vous reconnecter à votre vie, ce moment, avez-vous une idée quand peut-il arriver ? C’est maintenant.

Vous regardez votre montre, et vous constatez que c’est maintenant à nouveau. Nous n’avons que des moments dans le maintenant. Donc, pourquoi ne pas en tirer le plus possible ?

Quelle est la chose la plus importante que j’ai apprise sur la mindfulness au cours de toutes ces années ?

Je ne sais pas… que c’est un mystère, que c’est un don, que nous sommes des génies, que nous sommes des miraculés et que nous ignorons notre beauté. Nous nous rendons malades pour toutes ces choses qui ne sont pas importantes. Nous sommes motivés par ce qui est urgent, ratons ce qui est important. Et nous nous rendons malheureux et cherchons la solution ailleurs. Ce qui est une prescription pour un désastre. Et quand je vois les personnes qui participent aux séances de mindfulness, par exemple les personnes qui ont des problèmes médicaux, par centaine, par milliers, par dizaines de milliers, qui transforment leur vie, et dont certains de leurs symptômes médicaux disparaissent, et qui finissent par vivre plus pleinement. C’est un travail incroyablement satisfaisant. Ce travail de formation à la pleine conscience investit la médecine, la psychologie, la psychiatrie, l’éducation, le droit, l’Etat. Et c’est un très bon signe pour l’humanité. Je dirai une dernière chose, c’est que notre espèce s’appelle l’homo sapiens sapiens, en latin. L’espèce qui sait et qui sait qu’elle sait. L’espèce qui est consciente et qui est consciente qu’elle est consciente. Jusqu’ici, je ne pense pas que nous méritions ce nom. Maintenant, avec la crise écologique dans laquelle nous sommes et avec toutes les autres crises que l’esprit humain a créés pour lui et pour la planète, peut-être qu’il est temps de nous éveiller à ce que ce nom évoque et d’incarner notre compréhension de notre capacité à être conscient. Et finalement, j’appelle cela l’amour.