La réaction malheureuse

Une pratique méditative régulière, même de courte durée peut provoquer des modifications au bout de huit semaines, en terme de diminution du stress comme en terme de résistance immunitaire.  L’apaisement mais aussi les changements de comportements bénéfiques – par exemple, ne plus réagir impulsivement à sa propre colère – peuvent survenir rapidement.

Parfois, cet apaisement, ce meilleur ajustement aux situations de la vie quotidienne, ne sont pas aussi définitifs que nous voudrions le croire. Même avec une pratique quotidienne de la méditation dans laquelle on s’ancre, même si l’on s’efforce d’intégrer la pleine conscience dans notre vie, notre réactivité ne disparaît pas pour autant complètement.  Elle peut diminuer, mais selon les situations, la réactivité, l’impulsivité et l’impatience prennent le pas sur la  tolérance, la bienveillance, la retenue.  On peut ainsi se trouver soudainement stupéfait  par la violence de nos réactions, par le fait que ce que l’on croyait avoir maîtrisé, est en fait dormant en nous.

Quand cela arrive, bien entendu c’est dommage,  parce qu’une réaction négative peut avoir des conséquences néfastes sur nos partenaires, amis ou collègues… et bien sûr sur nous.  Nous pouvons dire que c’est dommage parce que ces réactions laissent des traces en nous et autour de nous.

Mais passé la réaction, ce qui est encore plus dommageable, c’est de remettre complètement en question notre pratique, c’est de devenir notre propre procureur et notre propre accusé.  C’est de se servir de cet échec pour faire un constat uniquement négatif et comme on dit : jeter le bébé avec l’eau du bain.

Sortir impulsivement de la ligne de ce qui nous semblera par la suite juste ou éthique ou approprié peut nous paraître condamnable. Mais il y a une différence entre l’acte et la personne.  Notre déception à notre égard peut au contraire être un formidable point de départ vers une vigilance plus active.Un point de départ d’où peut surgir la bienveillance et le courage qui nous aideront à avancer. Nos errements, nos erreurs ont potentiellement quelques bienfaits.

Le premier c’est que cela peut nous aider à être plus humble et plus réaliste dans notre appréciation de ce que nous sommes.  Si nous arrivons à sortir de ce jugement de nous-même, à tolérer nos imperfections, peut-être pouvons nous diminuer notre arrogance, notre besoin de validation.

Le deuxième, qui est lié au premier, c’est que cela peut nous aider à être plus tolérant.  Comment pouvons-nous tolérer les autres, et parfois leur impatience, leur agressivité si nous ne pouvons pas d’une manière ou d’une autre être revenir à une certaine équanimité, à un équilibre après avoir agis sans discernement.

Le chemin vers une plus grande ouverture et une moindre réactivité dépend de notre capacité à mieux observer, mieux accueillir, et être plus bienveillant vis à vis de nous même.  Et c’est parfois juste cette bienveillance qui nous permet d’être plus vigilant… de moins réagir impulsivement….et de revenir dans le cercle vertueux de la pratique.