La méditation et la non-réactivité

Nous abordons parfois la méditation avec l’idée qu’une bonne méditation doit permettre moins d’agitation mentale, moins de ruminations. Et nous pouvons être déçu si, au cours de la séance, le flux de nos pensées incessantes ne faiblit pas.

Il est préférable d’avoir une vision plus ample, d’être moins directement orienté vers cet objectif et de cesser de considérer nos pensées comme des ennemis. Cultivons un rapport amical avec notre situation mentale. Ne luttons pas avec notre flux de pensées, soyons témoin de cette bousculade, de ce dérangement. Restons assis et tenons bon. C’est le retour à cette attitude d’ouverture, de non agression et de non lutte qui favorise notre capacité à être présent à tous les événements de notre vie, à ne plus fuir nos émotions, et finalement à ne pas réagir automatiquement.

Ce rapport amical avec les pensées et éventuellement les émotions qui viennent avec est aussi un moyen de cultiver la non-réactivité au sein des pratiques formelles.

La non-réactivité est la capacité à ne pas suivre systématiquement nos impulsions. Elle implique un aspect discriminant qui est la possibilité de différencier ce qui est nuisible de ce qui ne l’est pas, ce qui est inutile de ce qui ne l’est pas.
Il peut exister une croyance que la pratique de la méditation implique systématiquement une diminution de la réactivité. Dans ma propre expérience, ce n’est pas toujours vrai. Il existe des impulsions qui sont la continuation de comportement répétés, de manières de faire qui se sont solidifiées au cours des années voire des décennies.

Ces comportements automatiques ne sont pas changés immédiatement par la pratique méditative, même si cela arrive parfois et même si la pratique méditative régulière crée un contexte favorable à de tels changements . La reconnaissance de la négativité d’un schéma réactif ne suffit pas non plus. Il semble qu’il faille allier réflexion, observation et engagement pour que nos comportements automatiques diminuent.

C’est ce qui peut arriver lors des programmes MBSR.

La réflexion, c’est ce qui permet l’identification a posteriori du schéma, nous reconnaissons le comportement, ce qui le sous-tend ou le favorise et ses conséquences : de quoi s’agit-il ? quelles croyances cela met en jeu ? qu’est-ce qui fait que cette réaction, ce comportement est négatif.L’observation, c’est ce qui permet de voir le schéma se dérouler, d’y être présent et de se rendre compte qu’il est facilité par un manque de présence, une perte de conscience. C’est cette observation en temps réel qui est facilitée par la pratique de la méditation.
L’engagement, c’est la force de décision qui est catalysée par la réflexion et par l’observation. C’est ce qui permet le changement final. C’est cette volonté, parfois musclée, cette détermination de ne pas suivre le chemin habituel. C’est la reconnaissance pratique d’une alternative qui est perçue dans le moment présent. Il y a un moment de choix et l’engagement permet de choisir la retenue, la non-réactivité.