Amour et solitude

Je vous invite à regarder cette courte vidéo de Chogyam Trungpa, maître de méditation et enseignant du bouddhisme tibétain.

Elle a été tournée lors de la période de questions/réponses d’un enseignement en 1974 aux U.S.A.

Elle est en anglais avec sous-titres. Une traduction en français en est proposée plus bas.

Etudiant : Dans mon expérience, l’amour entre deux êtres, pour se protéger de sa solitude ne marche pas trop bien. L’amour est il possible entre deux êtres quand ils travaillent sur cette solitude. (hésitation) …. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

Chogyma Trungpa : Je pense que oui, je comprends votre question.

C’est un point intéressant. Je ne pense pas que quiconque puisse tomber amoureux sans ressentir de la solitude. Personne ne peut tomber amoureux sans savoir qu’elle/il se sent seul. Et qu’ils se sentent des individualités séparées. Et si par incompréhension, par une étrange coïncidence, vous pensez que vous êtes déjà l’autre personne. Alors, Il n’y a personne avec qui tomber amoureux et cela ne marche pas comme ça.

Donc la vraie idée de l’union, le mot « union » ou « uni », rejoindre ensemble, qui signifie être deux ensemble. Un et un étant ensemble, c’est l’union. Autrement, si c’est juste un, on ne peut pas appeler ça une union. Zéro n’est pas une union, un n’est pas une union, mais deux est une union.

Donc je pense que la question de l’amour est que la désolation est à la racine d’un sentiment chaleureux quand vous êtes aimé et plus vous ressentez ce sentiment de désolation, de misère, et plus, en même temps, vous ressentez ce sentiment chaleureux. C’est comme : vous ne pouvez ressentir la température chaude de la maison que si vous savez qu’il fait froid dehors. Plus il fait froid dehors, et plus c’est confortable à l’intérieur de la maison. Et c’est cett​_e situation d’un point de référence qui s’applique dans ce cas.

Etudiant : Quelle serait la différence entre deux personnes qui sont ensemble et notre relation à la sangha (communauté des pratiquants bouddhistes) qui est comme un ensemble de gens qui ressentent une certaine désolation à différents degrés d’intensité?

Chogyam Trungpa : je pense que si deux personnes sont ensemble, alors il y a une similarité dans leur solitude, et l’une des personnes rappelle à l’autre sa propre solitude : ton partenaire sent, voit plus ta solitude. Alors que dans la sangha, il y a un partage, une solitude omniprésente. Une solitude qui est présente partout.

Etudiant : merci

Chogyam Trungpa : Vous êtes le bienvenu

Etudiante : Alors, diriez-vous que la solitude c’est l’amour ?​_

Cogyam Trungpa : Je pense que nous pourrions dire cela.

Etudiant  ; Dans la réponse à ma qhttps://www.youtube.com/watch?v=YgviVWanZgcuestion précédente, vous avez mentionné que beaucoup de misère apparaîtrait quand nous serions dans cette solitude. Et qu’il y aurait différentes sortes d’état en faisant face à cette solitude.

Je voudrais savoir à quel moment l’idée de compassion se rattache ou comment pratique t’on la compassion avec cette solitude ?

Chogyam Trungpa : eh bien, je pense que la solitude amène automatiquement un sentiment de compassion. La compassion, dans les écritures bouddhiques, vient de shunyata et de la connaissance(la sagesse). L’expérience de la compassion est celle du non-ego et un sens de précision en même temps qu’on peut aussi appeler « moyens habiles ».

Autrement dit, vous ne pouvez pas avoir de compassion sans avoir en même temps un non-ego et un sens de la précision en même temps.

Donc le sens de l’absence d’ego vient évidemment de la solitude, et le sens de la précision vient de la perception de sa misère et en même temps de la possibilité de voir à travers soi. De telle façon, que tout doit être éxaminé, regardé et cela devient de la compassion, cela devient l’amour inconditionnel.